Pourquoi adapter l’éducation au goût à des enfants porteurs d’autisme ?
Plus de 80% des enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme (TSA) rencontrent des problèmes alimentaires, en particulier une très forte sélectivité, une réaction de panique ou d’anxiété à l’idée de goûter quelque chose d’inconnu et des réactions extrêmes centrées sur le goût, l’odeur, la texture ou l’aspect des aliments.
Au-delà des aspects sensoriels, la dimension sociale, relative au contexte des repas et aux interactions entre convives, est également au cœur des problématiques alimentaires et impacte fortement la qualité de vie des enfants avec TSA.
Ainsi, dans le cadre du projet « Une éducation sensorielle adaptée à l’alimentation d’enfants avec autisme » (lauréat de l’appel à projet national 2020-2021 du Programme National pour l’Alimentation), l’Institut du Goût a conçu et testé un programme d’éducation au goût pour ces enfants, afin de les aider à construire une relation plus apaisée à l’alimentation, à augmenter leur variété alimentaire et à développer une communication plus riche autour de leurs goûts et dégoûts.
L’évaluation de ce programme-pilote ayant montré des bénéfices importants pour l’enfant et son entourage, cette démarche est en cours de déploiement auprès des professionnels et des familles.
Comment adapter l’éducation au goût à des enfants porteurs d’autisme ?
Si l’esprit général des « Classes du Goût » reste bien présent dans le programme pédagogique dédié aux enfants avec TSA, plusieurs adaptations y sont apportées :
- une approche plus individualisée, définissant pour chaque enfant les objectifs à atteindre et la façon d’y parvenir. Selon les troubles autistiques de l’enfant, son profil sensoriel (hyposensibilité / hypersensibilité), son comportement alimentaire, ses capacités cognitives et verbales, etc., l’animateur/animatrice du programme peut cibler un ou plusieurs objectif(s) prioritaire(s) pour l’enfant (ex : élargir son répertoire alimentaire, diminuer son angoisse de goûter des aliments, manger davantage en conscience, exprimer ses sensations et ses préférences alimentaires, etc.).
L’animateur/animatrice adapte également ses modes de communication à chaque enfant, en faisant de lui un partenaire à part entière : les centres d’intérêt de l’enfant peuvent servir de base aux échanges ayant cours lors des ateliers sensoriels ; des outils de communication spécifiques à chaque enfant peuvent être utilisés (ex : pictogrammes, roue des émotions, photos des aliments dégustés, etc.).
- un fonctionnement ritualisé, à la fois dans l’organisation des séances (même jour, même heure, même lieu) et dans leur déroulement.
- une progression plus lente dans les apprentissages, avec moins de nouveautés à chaque séance et davantage de répétitions que dans les « Classes du Goût ».
- une temporalité des expériences sensorielles prenant en compte les particularités autistiques (ex : davantage de temps nécessaire pour explorer les stimuli visuels).
- des renforçateurs permettant à l’enfant de développer sa motivation intrinsèque pour le programme et de se rendre compte de ses progrès.
Pour transmettre cette pédagogie spécifiquement adaptée aux enfants porteurs d’autisme, l’Institut du Goût développe des formations pour les professionnels (éducateurs, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens, etc.)
Pour plus d’information, contacter Nathalie Politzer, Directrice des projets et de la formation.
Merci aux partenaires qui ont soutenu le projet :




